Le choix des mots

Amis lecteurs, bonjour !

 

En plein débat sur la loi de bioéthique, on pourrait espérer que « les médias » (terme qui devient assez péjoratif il est vrai) soient à la hauteur des enjeux pour les couples, les hommes, les femmes et les enfants concernés par la procréation médicalement assistée. On pourrait attendre qu’ils jouent leur rôle dans une démocratie mature en délivrant une information objective et documentée, qu’ils fassent œuvre de pédagogie, surtout sur des sujets aussi complexes qui ne se prêtent guère à la simplification. Hélas, mille fois hélas, l’audimat a ses raisons que la raison ignore, et c’est une nouvelle fois avec effarement que nous avons suivi l’émission « zone interdite » dimanche dernier, consacrée aux tests ADN et à la fin des secrets de famille.

Peut-être avez-vous regardé ce programme de haut vol (c’est en replay si vous en avez le courage), avec des journalistes qui ont opté pour des cas très représentatifs des dons de gamètes pratiqués actuellement, jugez-en :

  • un homme issu d’un don de sperme a épousé une femme issue également d’un don de sperme qu’il a rencontrée dans le cadre d’une association militant pour la levée de l’anonymat. Devant les caméras, ce militant de la cause des enfants nés d’un don fêtait en toute simplicité son anniversaire avec son donneur, retrouvé grâce à des tests ADN pratiqués à l’étranger.
  • Voici encore une jeune femme, à qui le don de gamètes avait été caché alors que toute sa famille était au courant des conditions de sa conception (on devine combien la révélation du don a dû être difficile), et qui, via des tests ADN pratiqués à l’étranger, a retrouvé son « père biologique ». Depuis, elle recherche des potentiels « frères et sœurs biologiques », mais aussi des cousins, des oncles, des tantes… Un groupe whatsapp « family seeds » (famillicide ? Allô Dr. Freud ?) a même été créé pour échanger leurs photos de famille.
  • Outre-Atlantique, c’est encore plus pimenté : voici un donneur de sperme qui a donné deux fois par semaine sa semence pendant un an. Ces dons ont notamment profité à un couple de femmes qui a eu une fille. Cette dernière, depuis, a grandi et a cherché son donneur. Entre temps, le couple s’était séparé. Voici le donneur retrouvé, qui tisse quelques liens avec sa fille avant de tomber amoureux de sa mère. L’histoire est « belle » (?!) et la morale est (presque) sauve : les « parents véritables » de la petite fille se retrouvent unis par le destin, tout rentre dans l’ordre…

 

Soyons tout de suite très clair : loin de nous l’idée de porter un jugement sur le vécu de ces hommes et de ces femmes en quête de leurs origines génétiques et qui ont accepté de se livrer devant des caméras, en France ou ailleurs. Souvent (mais pas toujours), la vérité leur a été cachée. Leur questionnement semble suffisamment lourd et pénible pour que l’on trouve éminemment respectable leur besoin de rencontrer des membres de la « famille biologique ». Ce n’est donc pas leur témoignage qui nous a heurté (et d’ailleurs à quel titre pourrions-nous les juger ou les critiquer ?!), mais bien plutôt le traitement journalistique qui en a été fait.

Car pour ceux qui envisagent de se lancer dans un parcours de dons de gamètes, qu’ils soient donneurs ou bénéficiaires du don, ce reportage laisse clairement penser que l’enfant qu’un donneur ou une donneuse peut contribuer à faire venir au monde va forcément venir sonner à sa porte pour fêter ses prochains anniversaires et semer une belle zizanie dans sa propre vie de famille. Et au passage, tiens, c’est bien fait pour les couples infertiles ou stériles qui ont joué avec le feu. Ils n’avaient qu’à suivre ce que leur dictait la nature (comprendre « Dieu » bien sûr, mais « la nature » ça fait plus dans l’air du temps… Les anti-PMA peuvent aussi faire du green washing…). Ces couples auraient évidemment dû adopter un chien plutôt que de faire de la PMA pour assouvir leur désir d’enfant (= désir de consommateur si en plus ils sont allés à l’étranger en payant plein pot les soins reçus). On vous l’avait donc bien dit ! L’enfant sait, lui, qui sont ses vrais parents qu’il va forcément rechercher plus tard : ceux désignés par des tests ADN…

Là, évidemment, on ne peut que s’énerver devant sa télévision (même s’ils avaient plutôt envie de dormir comme des loirs, les canards étaient remontés comme des coucous). D’abord, on fera remarquer aux experts auto-proclamés de la psychologie enfantine que si l’homme des cavernes n’avait jamais joué avec le feu, l’humanité n’aurait guère avancé. Les couples que nous sommes n’ont fait qu’avoir recours aux techniques de procréation médicalement assistée disponibles à ce jour, et en toute légalité en France. Ensuite, laisser imaginer aux téléspectateurs que le don de gamètes implique nécessairement un mal être existentiel chez les enfants nés du don, en quête de vérité génétique via des tests ADN, est on ne peut plus caricatural. Nous n’avons peut-être pas assez de recul sur le don d’ovocytes, mais sur le don de gamètes en général, on observe déjà que tous les enfants ne réagissent évidemment pas de la même manière. Tous n’auront pas un besoin irrépressible de chercher un géniteur ou une génitrice, et aucun enfant né d’un don ne peut prétendre être le porte-parole de tous les enfants issus du don. C’est d’ailleurs vrai pour tous les individus qui portent en eux une différence : certains vivent sans questionnement particulier malgré leur histoire originale, qu’il s’agisse de leur conception, de leur enfance, de leur histoire familiale en général. Alors arrêtons de poser comme principe que les enfants issus d’un don ne peuvent vivre que dans le tourment le reste de leur vie.

Mais ce n’est même pas ce qui nous a le plus choqué dans ce reportage. Ce qui nous a fait bondir, c’est le poids des mots employés par les journalistes ou certains interviewés. Car à l’égard des donneurs, le reportage parlait bien de « père », de « filiation », de « famille », alors que ces mots ont un sens.

Non, il n’y a pas et il n’y aura jamais de filiation à l’égard d’un donneur ou d’une donneuse. La filiation, c’est un lien de droit entre un enfant et ses parents, ceux qui en ont la responsabilité, ceux qui vont l’élever. Parler de filiation à propos de liens génétiques est un non-sens, jamais le droit ne reconnaîtra ce lien pour régler un héritage ou une pension alimentaire et c’est heureux.

Et non, le père et la mère ne se réduisent pas non plus aux gènes. Pour cela, il y a un mot : géniteur ou génitrice. Et l’on peut être le père sans être le géniteur. On peut être la mère sans être la génitrice tout en étant la gestatrice, et parfois sans être non plus la gestatrice. Les expressions « père biologique » et « mère biologique » créent inutilement de la confusion.

Alors vous allez me dire, les icsi pari sont vraiment en plein déni. Ils veulent s’accaparer les termes de père et mère, preuve qu’ils ne sont pas bien au clair sur le lien tissé avec leur enfant : les canards veulent tout simplement gommer le don ou le minimiser. C’est vrai que ce serait tentant…

Et bien pas du tout ! Si nous sommes heurtés par ce qui, pour nous, est une erreur de vocabulaire, c’est parce qu’utiliser les bons mots est indispensable pour la construction de nos enfants, justement pour ne pas tout mélanger. C’est bien là une particularité des familles nées d’un don de gamètes. Plus que d’autres parents, nous devons armer nos enfants avec des mots. Des mots pour dire leur ressenti, car il ne faut évidemment pas nier la fragilité que peut créer un don de gamètes dans la construction d’un individu. Sans remettre le sujet sur le tapis tous les matins, il faut évidemment tenter d’expliquer, d’écouter, de recueillir la parole de nos enfants. Leur fragilité, il faut alors qu’il puisse l’exprimer, notamment sans craindre de blesser leurs parents, ce qui est un sujet dans nos familles. Tout cela suppose que l’enfant et ses parents aient dans leur arsenal les bons mots : « le donneur », « la donneuse », « le géniteur », « la génitrice ». Chacun est à sa place, dans un rôle tellement différent dans l’histoire de la naissance d’un enfant. Le donneur ou la donneuse ne sont pas alors le père ou la mère, ni même la « famille biologique ». D’ailleurs, entre nous, c’est quoi une mère « biologique » ? Y a-t-il plus de liens « biologiques » dans la gestation ou dans les gènes s’agissant de la maternité ? On voit bien que le mot « biologique » est trop flou pour les situations d’aujourd’hui. Nos enfants doivent donc être armés de mots pour identifier la place de chacun et éviter toute confusion des rôles qui nuiraient à tous : à l’enfant, dans sa construction ; au donneur ou à la donneuse, dans sa propre vie de famille, que tous doivent respecter ; et enfin à nous autres parents, dans le lien que nous tissons pour la vie avec nos enfants, pour les bons et les mauvais moments comme dans toutes les familles.

Nous en arrivons alors au sujet de la levée de l’anonymat du don de gamètes, votée dernièrement par l’Assemblée nationale, et dont nous avions très envie de parler sur ce blog. En imposant légalement la levée de l’anonymat, a-t-on vraiment pensé aux donneurs et aux donneuses de demain ? Nous sommes infiniment reconnaissants à l’égard de la belle inconnue qui a accepté de nous offrir ces petites cellules sans qui nos canetons ne seraient pas de ce monde. Nous lui devons notre infini bonheur, et jamais nous ne pourrons assez la remercier, quelles qu’aient été ses motivations. Mais même si nos canetons, plus tard, ont un besoin pressant de connaître leur génitrice, nous comprendrions parfaitement que « notre » donneuse, qui aura elle-même construit sa vie, n’ait pas du tout envie de voir nos enfants faire irruption dans son existence alors qu’elle n’a peut-être jamais parlé de cet acte altruiste à son entourage. La levée de l’anonymat qui est imposée aux donneurs et aux donneuses dès l’acte du don, et non pas simplement demandée aux intéressés au moment où l’enfant devenu adulte se questionne, est donc un vrai problème. Qui peut savoir, au moment où il est en âge de donner ses gamètes, ce que sera sa vie dans vingt ans, trente ans, ou plus ? Et ne peut-on pas craindre que ceux qui acceptent de donner demain dans ce contexte ne soient plus dans une démarche altruiste, mais plutôt dans le souhait de semer ses graines et ses gènes pour voir la tête de la récolte dans vingt ans sans les contraintes d’une filiation et d’une parentalité ?

Pourtant, et c’est bien là un rare mérite de ce reportage, la levée de l’anonymat qui est discutable dans son principe est nécessaire dans le monde tel qu’il est et non tel que l’on aimerait qu’il soit. Car avec ces tests ADN « sauvages » pratiqués à l’étranger, celui ou celle qui donne aujourd’hui ses gamètes ne peut plus se voir garantir son anonymat. Qu’un père, une mère, un frère ou une sœur fasse un test ADN à l’étranger pour « le fun » de connaître ses origines ethniques ou par goût de la généalogie, et nous voilà indirectement « fiché » par une société privée qui revendra ces informations à d’autres clients. Le législateur français est incapable d’empêcher la pratique des tests ADN à l’étranger. Les sanctions qui existent sur le papier restent très théoriques, et on ne va pas mettre tout le monde en prison pour test ADN illégal ! Alors autant prévenir les potentiels donneurs dès aujourd’hui des conséquences du don et organiser demain correctement la levée de l’anonymat. Un organisme institutionnel qui peut « canaliser » et recenser les informations de part et d’autre, avec des professionnels pour accompagner les personnes concernées, est finalement une bonne chose.

L’autre « mérite » de ces tests ADN sauvages est aussi de faire avancer les futurs parents dans leur réflexion sur le secret ou non du don à l’égard des enfants à naître. J’ai souvenir d’une discussion avec une collègue qui a donné naissance à ses enfants il y a plus de vingt ans grâce à un don de sperme. Sachant que nous allions envisager un don de gamètes, elle m’avait fait cette confidence : oui, ses enfants sont issus d’un don, et non ils ne sont pas au courant. A l’époque de ces dons, le discours médical consistait à dire aux parents de ne rien raconter aux enfants de leur conception, au risque de les perturber. Ma collègue n’avait alors aucun regret à ce sujet, et son argument pour me convaincre de garder le secret était de dire qu’il est inutile d’engendrer pour ses enfants un questionnement pour lequel ils n’auront pas de réponse. C’était même, selon elle, une position de confort des parents, qui se débarrasse du poids du secret sur le dos de leurs enfants. Aujourd’hui, l’argument ne tient plus. Nos enfants, même conçus dans un système d’anonymat du don, pourront sans doute connaître leur donneur ou leur donneuse, et inversement d’ailleurs, par l’effet des tests ADN sauvages qui se répandent à une vitesse vertigineuse (ça fait froid dans le dos). Il faut tous s’y préparer. Les secrets de famille autour de la conception ne tiendront plus, au-delà des couples en PMA. N’oublions pas que ces tests vont aussi révéler des infidélités, y compris dans les familles on ne peut plus traditionnelles…

Notre choix, qui est celui de quasiment tous les parents d’aujourd’hui d’enfants nés d’un don, a donc été de ne jamais en faire un secret, un secret qui sera forcément destructeur (qui supporterait de découvrir qu’il a vécu dans le mensonge par le fait des personnes en qui il avait le plus confiance ?!) et d’ailleurs impossible à garder. Dès les premières heures de vie de nos enfants, en les accueillant dans nos bras, nous leur avons parlé. Nous leur avons dit combien nous étions heureux de les voir venir au monde, de les tenir contre nous. Nous leur avons dit combien le chemin avait été long avant cette rencontre merveilleuse, nous leur avons dit que des petites graines nous avaient été données pour être ensemble à jamais.

Pour nous, la transparence n’est pas totale : nous ne parlons pas du don à tout un chacun spontanément. Nous en parlons à nos enfants et d’abord à eux car c’est leur histoire. C’est à eux de décider à qui ils souhaitent « révéler » les conditions de leur naissance. Pourquoi d’ailleurs leur cacher une si belle histoire, une histoire d’amour ?

Pour l’anecdote, en feuilletant un livre sur les monuments de Paris, lorsque nous avons expliqué à notre caneton aîné (qui a un peu plus de deux ans) qu’après le voyage au pays des graines à bébé, nous avions allumé une petite bougie à Notre Dame pour espérer le voir venir au monde, il nous a répondu très spontanément : « oh ben merci, c’est très gentil ! » Nos canetons sont évidemment trop petits pour tout comprendre de leur conception, mais ils savent déjà qu’ils ont été très désirés, très attendus, et qu’on les aime viscéralement. Et cela, ça compte pour la construction d’un enfant.

Alors M6, vous venez quand à la maison pour que l’on vous parle de notre histoire et du choix des mots ? Cela évitera à tous nos enfants issus d’un don, lorsqu’ils parleront de leur conception, de s’entendre dire « ah ouais alors ce n’est pas ta vraie mère ? » Merci pour eux. Pour nous, plus la peine de prendre des pincettes, cela fait dix ans que l’on entend des bêtises blessantes sur l’infertilité, on est (presque) habitué…

 

Bises des canards.

 

 

Mon vide grenier PMA…

Amis lecteurs, bonjour !

Le temps est venu de vider une bonne fois pour toute notre placard à pharmacie des vestiges de notre parcours PMA. Superstitieux que nous sommes, nous avions gardé précautionneusement ces médicaments « au cas où » mais nous voilà maintenant prêts à tourner la page.

Avec les ruptures de stocks à répétition de certains produits pharmaceutiques (du type Vivelledot, ce qui nous avait valu quelques frayeurs lorsqu’en plein traitement, on ne trouvait plus en pharmacie les fameux patchs… ) ou le défaut de remboursement de soins, certain(e)s d’entre vous sont peut-être intéressé(e)s par les produits encore en notre possession. Avant de tout ramener chez notre pharmacien, nous vous donnons donc la liste de ce que nous serions en mesure de vous donner, si cela vous est utile. Il va sans dire que ces produits sont délivrés sur ordonnance et que leur prise ne peut se concevoir sans l’avis de votre gynéco… Mais si les canards peuvent vous aider dans votre parcours, nous le ferons très volontiers.

Vous pouvez alors nous écrire à icsipari@gmail.com, et on s’organisera pour vous expédier ce qui vous serait nécessaire.

Voici la liste des médicaments à donner :

DHEA 75 mg Pharmacie Bayen (pas de date de péremption indiquée)

PREDNISONE 5 MG exp. 8/2021 (2 boîtes avec 45 comprimés au total)

TOCO 500 MG exp. 10/2020 et 01/2021

PROGESTERONE RETARD PHARLON 500 MG/2ml solution injectable en ampoule exp. 12/2020

DECAPEPTYL LP 3mg exp. 06/2021

VIVELLEDOT 50 mg exp. 11/2019 une boîte de 8 pas ouverte

VIVELLEDOT 100 mg 3 boîtes de 8 pas ouvertes (exp. 02/2020 et 05/2020)

PROGESTAN 200 mg  exp. 04/2021

Aspegic nourrisson (2 boîtes)

Bises des canards !

 

 

 

Et maintenant ?

Amis lecteurs,

Voici donc nos aventures PMA terminées, archivées, avec une happy-end dont nous n’aurions pas même rêvé il y a quatre ans de cela, aucun traitement ne fonctionnant après une si longue errance médicale. Nous avons maintenant l’immense bonheur d’avoir deux petits canetons à la maison, des frangins qui vont grandir ensemble, sous nos yeux ébahis. On se pince chaque jour, croyez le bien.

Alors qu’allons-nous faire de ce blog ? Nous avions démarré cette écriture à deux plumes pour raconter notre parcours en tant que couple, Monsieur comme Madame se livrant sans retenue pour partager avec vous, lecteurs, nos aventures, sans savoir où elles pourraient nous mener. Et cela nous a fait le plus grand bien d’écrire pour vous, de rire avec vous, de pleurer aussi, de lire vos réactions, vos commentaires, de savoir que nous n’étions pas seuls sur ce chemin escarpé, de partager un peu vos vies. Nous avons eu la chance de rencontrer certains d’entre vous « pour de vrai », de faire tomber les masques, et de tisser des liens d’amitié puissants. Ce blog nous a énormément apporté.

A la naissance de notre premier caneton, nous n’avions pas voulu vous raconter la suite de l’histoire, parce que ce blog est avant tout destiné aux « infertiles », aux femmes et aux hommes qui sont confrontés aux dures réalités de la PMA, aux échecs souvent inévitables. Nous avons voulu écrire pour ceux qui, comme nous autrefois, naviguent la nuit sur internet à la recherche de témoignages, de solutions peut-être, pour faire face au chagrin, au désarroi, à l’immense solitude que l’on peut vivre lorsque bébé ne vient pas, que l’on se sent maudit, condamné aux bras vides alors que l’on a tellement d’amour à partager avec un enfant. Nous n’avons donc jamais voulu vous parler des joies de la parentalité. D’ailleurs il y a des tas de blogs qui existent déjà sur ce sujet inépuisable…

Mais alors que va devenir ce blog ? Nous n’allons pas cesser d’écrire pour vous, avec un rythme ralenti sans doute comme vous l’avez déjà constaté, faute d’inspiration parfois et surtout de temps. Mais nous allons continuer à écrire et témoigner car nous n’en avons pas terminé avec la PMA, même si notre famille est maintenant au complet.

Nous allons continuer d’abord parce que cette expérience nous a marqué pour la vie. Lorsque l’on a la chance de faire partie des heureux gagnants de la loterie PMesque, on se doit de parler pour ceux qui n’en ont pas la force, pour ceux qui souffrent des remarques blessantes, des préjugés idiots, et qui sont en pleine galère. Les canards ont une âme de militants et, à leur petit niveau, ils essayent de partager leur expérience pour faire changer les mentalités. Mme ICSI était au taquet à la maternité pour expliquer au personnel soignant et aux jeunes mamans que les douleurs d’un accouchement sont bien minimes après des années de PMA en quête de cet enfant si désiré…

Mais surtout, nous n’en avons pas terminé avec la PMA parce que nos enfants sont issus d’un don de gamètes. La canette n’a jamais eu le moindre doute sur son aptitude à ressentir un lien puissant avec ses enfants, même s’ils ne sont pas issus de ses ovocytes. Je les ai portés, mes enfants, je les ai ressentis dans ma chair avant même qu’ils ne voient le jour. Je les aime viscéralement, et je n’ai aucun « problème » avec le don. Pas touche à mes canetons, je suis leur maman. Mais si je n’ai aucun mal à faire « abstraction » du don dans les relations que je tisse avec mes enfants, mes petits canetons pourront vivre les choses différemment dans quelques années. J’aurais aimé qu’ils n’aient pas à vivre avec un questionnement sur leur patrimoine génétique, j’aurais aimé que les choses soient simples pour eux, et c’est bien pour cela que nous sommes allés au bout de nos FIV avec nos gamètes éclopées. Pour ne pas avoir de regrets pour leur vie à eux, pour pouvoir leur dire que nous ne pouvions pas faire autrement pour les faire naître et avoir la chance d’être leurs parents. Comment vont-ils vivre cette histoire folle de leur venue au monde ? C’est à notre famille d’écrire la suite de l’histoire.

Alors ce blog va continuer d’exister pour apporter notre simple témoignage, sans prétention de détenir une quelconque vérité sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire, ce qu’il faut dire ou ne pas dire, sur la façon d’élever des enfants nés d’un don.  Ce blog nous permettra simplement de témoigner et éventuellement d’échanger avec vous, lecteurs de l’ombre ou sortis de l’ombre. Nous pensons que cela peut être utile à celles et ceux qui se questionnent sur le don avant tout traitement, à celles et ceux qui envisagent de donner ou ont donné leurs gamètes, et aussi aux couples, aux femmes, aux hommes qui ont bénéficié d’un don de gamètes et qui ont envie de partager leur expérience avec nous, pour accompagner au mieux nos enfants dans leur propre histoire.

Ce blog restera donc le journal d’un couple qui a été confronté à la PMA, à ceci près que ce sera le journal de notre famille post-PMA, une famille qui a pu naître grâce à un don. De nouvelles aventures s’offrent à nous… Elles n’auraient pas été possibles sans cette belle inconnue, cette donneuse du pays des graines à bébé qui fait partie à jamais de notre histoire familiale. Merci…

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Annonce

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Te voici donc, petit caneton, avec nous, après un long long chemin…

Te voilà maintenant dans nos bras, et on se demande bien qui est le plus étonné de toute la bande. Toi ? Ton frère ? Tes parents ? On est tous en apesanteur.

Tu sais, petit caneton, tout comme ton grand frère, nous t’avons longtemps désiré, et pour tout te dire on n’espérait pas avoir la chance de t’accueillir dans nos bras. Car pour beaucoup d’hommes et de femmes, le chemin est long et difficile pour devenir parent. Les annonces sont d’ailleurs douloureuses, même pour les amis de galère. On espère ne pas blesser. Juste témoigner.

Alors on va rappeler quelques données pour donner du courage à ceux qui démarrent ce long chemin, ou qui s’interrogent sur le sens de tout cela, sans garantie de voir le bout du tunnel. Simple témoignage, les canards sachant bien que personne ne peut garantir une happy end et qu’ils ont beaucoup beaucoup de chance…

Pour les ICSI PARI, tout a commencé en 2009. Mme Icsi arrête la pilule, et les canards pensent qu’ils vont se reproduire dans la joie et la bonne humeur, comme tout le monde. Cela ne vient pas et on leur dit qu’ils sont trop pressés, il faut attendre au moins deux ans à leur âge pour voir s’il y a un problème médical de fertilité. On leur dit de se détendre, de penser à autre chose, parce que quand même, c’est aussi dans la tête. Après deux ans d’attente, les canards commencent finalement la valse des blouses blanches, et ils entendent tout et n’importe quoi. Démarrent les examens, à force d’insister. Les petites bêtes de Monsieur ont la tête de traviole à 99 %, et du côté de Madame, on ne voit rien de particulier, si ce n’est qu’à force d’écouter certains avis non autorisés, elle a 36 ans maintenant. Déjà 3 ans d’attente pour rien. On leur propose maintenant des inséminations pour démarrer. Idiot vu la gueule des petites bêtes de Monsieur, mais cela a fait des honoraires à la gynéco de ville soit disant spécialiste. Finalement, après plusieurs échecs, ils abandonnent la gynéco en question et ils vont dans un centre PMA. 1e FIV, les canards pensent que cela va marcher cette fois. Mais après une ponction de 4 ovocytes (maigre récolte), aucun embryon à transférer. Douche froide. Et au passage, on découvre que Mme ICSI a de l’endométriose. Youpi. FIV 2 avec ICSI cette fois et un nouveau produit plus puissant pour secouer les ovaires, 10 ovocytes récoltés, mais même résultat : circulez il n’y a rien à voir. Les canards sont au fond du trou. FIV 3 ICSI : premier embryon transférable et transféré, échec immédiat à la première prise de sang. Pas de stock, les autres embryons n’ont pas tenu. FIV 4 ICSI : deux embryons transférés, échec immédiat. Alors, stop ou encore ?

Les canards, avant d’abandonner le chemin de la PMA, veulent être sûrs de leur décision au regard des données de la science, car leur centre PMA, c’est l’usine, impossible d’avoir un médecin de confiance qui les accompagne sérieusement. Ils se renseignent, ils « testent » deux gynécologues mâles façon vieux de la vieille qu’on leur a conseillés mais ils constatent que ces spécialistes auraient dû faire véto, car la psychologie féminine n’est pas leur fort. D’ailleurs, ces médecins s’adressent à Monsieur pour parler de Madame, ce qui a le don de l’énerver au plus haut point. Arrive le dernier RDV avant d’abandonner, et c’est la rencontre avec le Général Croquette. Une femme d’exception qui reprend leur dossier depuis le début, sans leur promettre de miracles. Mais elle a compris qu’ils veulent une approche rigoureuse pour prendre une décision. On examine tout cette fois. Les canards ont alors tenté une dernière FIV maison, mais les ovaires de la canette sont maintenant en bout de course, ils ont tout donné après 4 FIV, la stimulation ne fonctionne plus efficacement. Décision est prise de passer par un don d’ovocytes. Mais où ? On s’en remet au général Croquette pour nous aiguiller vers des cliniques étrangères à la bonne réputation, car on ne veut pas faire n’importe quoi. Et surtout Mme ICSI ne veut pas avoir l’impression d’exploiter une femme quelque part dans le monde pour satisfaire son désir d’enfant. Début des voyages pour rencontrer les médecins, voir les cliniques, sentir l’atmosphère du pays des graines à bébé pour accepter ce don doublement étranger. Finalement, ce ne sera pas l’Espagne, mais la République Tchèque. La rencontre avec l’équipe médicale, le fait de croiser des femmes tchèques dans cette clinique et pas seulement des femmes étrangères, le dynamisme de ce pays, sa jeunesse pleine d’espoir qui a bien d’autres alternatives que de donner des gamètes pour des raisons économiques, tout cela a convaincu les canards et fait tomber les préjugés de la canette. FIV DO programmée en octobre 2015, 5 blastocytes obtenus. 1er transfert d’un embryon : taux largement positif à la première prise de sang, mais qui stagne à la 2nde. Douche froide. La FIV-DO ne fait pas immédiatement de miracle, c’est certain. 2e transfert d’un embryon : même scénario, taux positif mais qui stagne. Grosse déception. Interrogations du Général Croquette sur la qualité des embryons obtenus. On décide d’une opération qui permettra au passage de remodeler l’uterus de la canette pour qu’il soit plus accueillant. Et finalement, au 3e transfert de deux embryons en juin 2016, le miracle s’accomplit : un caneton naîtra en avance, mais en forme. Il grandit vite et nous comble de joie.

Et toi, pendant ce temps-là, petit caneton, tu nous attendais au froid. Dernier blastocyte de la bande. Alors on est venu te chercher avec ton grand frère, en ce début d’année, sous la neige, on t’a mis au chaud et te voilà. Notre 2e miracle.

Petit caneton, tu es là, c’est fou. On ne se connaît pas encore mais sache déjà une chose : nous t’aimons viscéralement, et nous t’attendions, nous t’espérions.

Merci la vie. Merci le don. Quelle chance on a…

Tes heureux parents.

PS: oui, c’est vrai, on a mis cette fois encore une bougie à Notre Dame. Mais on jure que ce n’est pas nous qui l’avons cramée pour que le message arrive plus vite à destination.

Et maintenant, envoyez la musique : « There is a light at the end of the tunnel« …

Vis ma vie d’infertile

Amis lecteurs, bonjour !

Comme me l’a très judicieusement fait remarquer notre copinaute Simone à l’occasion d’un papotage privé, il y a parfois un sérieux décalage entre la perception de la date de conception selon que l’on est « fertile » ou « infertile ». Illustrations.

Il se trouve que la canette doit pondre fin septembre. Dans le monde des fertiles, l’entourage procède à un calcul rapide. C’est ainsi que lorsque votre concierge ou votre voisine vous demande « c’est pour quand ? » et que vous lui répondez « fin septembre », vous percevez l’intéressée en train de compter discrètement sur ses doigts avant d’arriver à la conclusion suivante : Noël dernier, cela a été la fête du slip chez les ICSI-PARIS !

La tenue de Noël du canard :

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La tenue de Noël de la canette :

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Les infertiles savent toutefois que la réalité est toute autre. Parce que justement à Noël, il est strictement impossible de nous reproduire efficacement, toutes les cliniques affichant ce triste panneau :

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Avouez qu’il nous déprime ce panneau, non ?! Évidemment, le personnel médical qui nous accompagne a bien le droit de s’octroyer une trêve à Noël, nul ne le conteste. Mais Noël, lorsque l’on attend bien au triste bien au froid sur le quai, c’est la pire période de l’année. D’abord parce que l’on perçoit qu’il n’y a toujours pas de peluche, de petits trains et de poupées dans les cadeaux déposés au pied du sapin, alors que l’année dernière (et l’année d’avant), on pensait déjà que le prochain Noël, allez, on sera un de plus. Et pour bien nous achever, les vœux de début d’année peuvent délicatement renvoyer l’infertile à sa triste condition : « Tu sais ce que l’on vous souhaite, hein ?! Moi je veux être grand-père/grand-mère (rayez la mention inutile) ».

Bref, l’infertile serait ravi(e) d’être dans l’action pendant cette période où il est plus facile de s’absenter du boulot, mais ce n’est malheureusement guère envisageable (du moins selon notre expérience de plusieurs centres PMA en France et en République Tchèque).

S’il y a bien une chose qui est certaine, c’est donc que l’infertile attend la réouverture des services pour transférer son embryon ou ponctionner ses ovaires…

 

Autre exemple : le stade probable de la grossesse.

Dans le monde des fertiles, quand on donne la date du terme, on a tendance à ajouter « a priori ». Car dans le monde des fertiles, on n’est pas bien sûr de la date réelle de conception, surtout lorsque la période de conception tombe sur les fêtes synonymes d’orgies planétaires.

Nous autres les infertiles jouissons d’une incontestable supériorité sur ce point. Nous sommes dans de la conception programmée au jour voire à l’heure près : POINT D’INCERTITUDE CHEZ NOUS, un peu de rigueur, que diable !

Il est vrai que c’est aussi le cas pour les (vieux ?) couples qui programment leur câlin tous les premiers samedis du mois (cela parlera à ceux qui ont connu Canal + dans ses grandes heures, avec des programmes « originaux », et je ne parle pas du foot…).

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M. et Mme ICSI-PARI après des années de PMA

 

Enfin, il y a une chose qui est certaine pour nous ICSI-PARI, c’est que l’on ne se reproduit qu’au cours d’escapades à l’étranger. On est comme ça, les canards. Il nous faut de l’exotisme, le territoire national ne nous stimule absolument pas. Et vous savez quoi ? J’ai comme l’intuition que la prochaine révision des lois de bioéthique ne va pas du tout arranger les choses. Et là, d’un coup, je perds mon humour. Parce que la France, déjà très en retard sur les techniques de PMA « disponibles » pour les couples infertiles, n’est pas en voie de devenir le « pays des graines à bébé », expression qui parle pourtant bien à notre caneton quand on lui raconte son histoire. Une histoire qui a dû démarrer hors de nos frontières, parce que nous en avions les moyens, à la différence de beaucoup de couples contraints d’attendre encore et encore…

 

Prenez soin de vous.

 

 

 

 

 

 

Il est bon de rire parfois…

Amis lecteurs, bonjour !

Nous reprenons le fil de nos publications après quelques mois de suspens… Merci de votre patience !

Nos « vieux » lecteurs ne sont pas sans savoir que notre parcours fut long et compliqué pour devenir parent. Et nous devons bien avouer que, comme beaucoup d’autres, la seule vue d’une femme enceinte nous tordait le cœur. Nous étions arrivés au point de les détester, ces femmes qui se caressent le ventre le sourire aux lèvres, en signifiant à la terre entière qu’elle porte la vie, attention, pas touche…

Sentiment évidemment inavouable à l’égard des « fertiles » qui pourraient nous percevoir comme des monstres de jalousie, d’aigreur, et d’ailleurs si vous en êtes à ressentir cela, c’est que c’est sans doute dans la tête, votre problème de fertilité… Et non, c’est juste une immense douleur qui se réveille à chaque fois que la vie nous rappelle notre ventre vide.

Lorsque la chance nous a souri et que le ventre de Mme Icsi s’est arrondi, ces moments ne se sont pas effacés par magie. Évidemment la vue d’une femme enceinte ne tord plus le cœur, mais il reste une bonne dose d’irritation à l’égard de celles qui exhibent sans tact leur maternité, et de ceux qui vénèrent la femme enceinte.

D’abord, phénomène incompréhensible, on félicite la femme enceinte. Mais féliciter de quoi, au juste ? On ne maîtrise pas grand chose dans les mystères de la vie, et on n’a guère de mérite quand « ça marche ». On devrait surtout féliciter tous ceux qui sont dans le combat, le ventre vide, pour leur courage, leur ténacité, car ce chemin est difficile.

Ensuite, la femme enceinte est offerte à tous, visiblement. On lui caresse le ventre sans lui demander son avis. On lui demande sans vergogne, alors que l’on ne la connaît absolument pas, si c’est un garçon ou une fille, et c’est pour quand, et c’est le premier, etc…

Bref, quand une jeune humoriste s’attaque au sujet de la femme enceinte qui a le don de nous énerver, on se libère par le rire et ça fait du bien à tout le monde.

Alors voici un super sketch à visionner les jours de blues… Enjoy !

Que la montagne est belle…

La scène se déroule dans un massif montagneux, sur un sentier de randonnée étroit au milieu des sapins.

 

Mme ICSI – Bon allez, c’est parti. J’ai mon bâton de marche, ma gourde bien pleine, des provisions, on peut démarrer l’ascension…

M. ICSI – ATTENDS MALHEUREUSE ! Tu as ton grigri ?

Mme ICSI – Celui de la dernière fois ? Oui, je l’ai dans le sac. Et toi ?

M. ICSI – C’est bon, j’ai revêtu mon T-Shirt porte-bonheur, celui de la dernière ascension vers notre caneton.

Mme ICSI – Ah c’est ça cette odeur ? Je pensais qu’il y avait un castor mort dans les parages. (rires gras de Mme ICSI)

M. ICSI – Très drôle. On va mettre ça sur le compte de tes hormones. Allez, on arrête de papoter et on avance.

Après une première ascension, les ICSI PARI voient arriver la ferme auberge du 1er trimestre.

Mme ICSI : YES, on a fait un tiers du chemin ! Pas d’entorse, pas de courbature. Inespéré. C’est bizarre, non ?!

M. ICSI – Ne parle pas trop vite tu vas nous porter la poisse ! Tiens, prends ça dans ton sac, ça peut servir.

M. ICSI tend un fer à cheval à Mme ICSI. Il faut éviter les carences en fer, c’est bien connu.

Mme ICSI – Dis donc, tu ne crois pas qu’il faudrait tout de même que l’on prévienne notre entourage de notre nouvelle ascension ? Cela va finir par se voir que l’on a la tête tournée vers le haut de la montagne. Et mon sac grossit à vue d’œil.

M. ICSI – Attendons encore un mois. Ou 6, comme tu veux.

Les ICSI-PARI se remettent en route.

Mme ICSI – Chéri ?

M. ICSI – Oui ?

Mme ICSI – Je vois le col des 24 semaines d’aménorrhée. La forêt est bien sombre d’un coup. J’ai peur de la chute.

M. ICSI – Je comprends, moi aussi je déteste ce passage. Il faut dire que l’on a fait une belle cascade la dernière fois à cet endroit précis, on était à deux doigts de la catastrophe. C’est pour ça que tu as peur. Alors souviens-toi, on respire, on met tranquillement un pas devant l’autre, concentré, et on continue de croiser les doigts.

Mme ICSI – Je croise aussi les orteils, mais pour marcher ce n’est pas simple…

M. ICSI – Alors prends ça. Cela marche bien aussi il paraît.

M. ICSI donne à sa douce une amulette bouddhiste protectrice. Puis les ICSI PARI poursuivent leur chemin.

Mme ICSI – Cap des 28 semaines d’aménorrhée en vue ! YES !

M. ICSI – Du calme, du calme, ne gigote pas trop, c’est comme cela que l’on se blesse bêtement.

Mme ICSI – On donne notre signal GPS à la blogo ?

M. ICSI – Trop dangereux. On ne l’avait pas fait pour l’ascension vers le caneton, on ne va pas le faire maintenant pour son frère. Les dieux de la PMA vont se retourner contre nous.

Les ICSI PARI reprennent leur bâton de marcheurs (mais ils rappellent au cas où qu’ils ne font pas de politique), le chemin leur semble encore trop long à force de retenir leur souffle.

Mme ICSI – Cap des 34 !!! CAP DES 34 SA, on y est mon chéri, on y est !

M. ICSI – YOUHOUUUUU, ON L’A FAIT, TU L’AS FAIT caneton junior !

Mme ICSI – Dis donc, mon sac est drôlement moins lourd d’un coup.

M. ICSI – C’est parce que tu as laissé tes angoisses. Regarde, elles sont là, derrière nous, dans cette sombre forêt peuplée d’animaux étranges, plein de placenta praevia et de rupture prématurée de membranes…

Mme ICSI – « En même temps » (expression de marcheur, il paraît), il y a encore plein de sapins dans le coin, avec des animaux que l’on ne connaît pas. La nature ne manque pas d’imagination pour créer des créatures féroces. Je préfère ne pas regarder le bestiaire, je vais en faire des cauchemars.

M. ICSI – Respire, ma douce. Et souviens-toi de ce que nous disais notre gynéco tchèque alors que l’on projetait déjà un 3e échec avant le transfert de notre caneton : « step by step, feet on the ground ». Allez, on continue. Tu as toujours ton trèfle à 4 feuilles sur toi, c’est bon ?

Mme ICSI – Oui, et aussi ma boîte à coccinelles.

M. ICSI – Pour info, j’ai marché dans une bouse de vache, là juste derrière nous, évidemment du pied gauche. Ça masque l’odeur du T-Shirt porte-bonheur, non ?

Mme ICSI – Je ne dirais pas ça….

M. ICSI – Bah, ce sont tes hormones, tu exagères. Ah moins que ce soit cette patte de lapin qui sente mauvais ?

Mme ICSI – C’EST QUOI CETTE HORREUR ?! ! Tu as trouvé ça où ?

M. ICSI – Sur le chemin. Sans doute les restes du repas d’un renard. La patte est un peu à l’état sauvage, mais bon, on a l’essentiel…

Les ICSI PARI débutent la dernière ascension.

Mme ICSI – ça y est !!!! 38 semaines d’aménorhée, c’est bon, on voit le sommet mon chéri, il est juste là, regarde, plus que quelques mètres et on est arrivé !!!!  Bon allez je préviens la blogo maintenant. Il y a tellement de couples qui sont encore dans la vallée… Cela peut faire du bien à nos derniers rares lecteurs de voir que des vieux galériens de la PMA sont sur le point d’être parents une 2e fois, alors que tout semblait compromis pour eux il y a 3 ou 4 ans à peine.

M. ICSI – UNE ANNONCE UN VENDREDI 13 ???? MAIS TU ES FOLLE ?

Mme ICSI –  Ah oui, je n’y avais pas pensé, tiens ! Mais le vendredi 13 ça porte bonheur ou malheur ?

M. ICSI – Il y a débat. Dans le doute, abstiens toi. On n’est plus à un jour près.

Mme ICSI – Tu as raison. Allez, samedi 14, c’est bon. Je lance le signal GPS pour nous localiser dans l’ascension. Il peut encore y avoir des mauvaises blagues dans la dernière petite escalade, mais on a de bons guides. Et puis on n’a opté pour le petit escalier de service plutôt que de jouer avec le grand toboggan qui monte et qui descend, où tu dois pousser tout seul à la fin. L’escalier de service présente moins de risque quand on a déjà raté le toboggan la première fois, il paraît.

Alors, on est prêt ?

M. ICSI – Presque. Je lance le compte à rebours. J’ai hâte d’être en haut, maintenant..

 

Les ICSI-PARI chantonnent ensemble : que la montagne est belle…

Et c’est ainsi que les ICSI-PARI ont décidé de vous donner de leurs nouvelles, en espérant que tout le monde arrive en pleine forme en haut de la montagne, dans quelques jours maintenant… Nous espérons que ces derniers mois vous ont aussi apporté de belles nouvelles.

Encore un p’tit coup de biniou ?

Nous adressons toutes nos pensées à notre copinaute Fortuna, et nous espérons que ce post, longtemps reporté, n’ajoutera pas à la solitude et au chagrin.

 

– « Encore un p’tit coup de biniou ? », demande le Général Croquette à la canette

Quelques semaines plus tôt, la canette était au même endroit, dans cette même position devenue banale de l’échographie endo-vaginale, la pmette allant à l’échographie comme la pépette va au bac à shampoing, en parlant de la pluie et du beau temps.

Son fidèle Général Croquette lui avait indiqué qu’elle était bonne pour le service, après avoir passé plusieurs semaines dans son stage commando en vue de l’opération « transfert ». Au programme, hystéroscopie, échographie endo-vaginale pour mesurer l’étendue de l’adénomyose, un petit kyste débusqué dans l’histoire, puis une  session ménopause artificielle avant de voir, soulagée, que ce foutu kyste n’avait pas résisté aux vaillants assauts de toute la troupe des médecins qui s’affairent autour de l’utérus de la canette. Et puis bien sûr, cette foutue thyroïde qui fait toujours des siennes, mais le réseau du Général Croquette en a maté plus d’une. Un petit dopant levothyrox, et en route pour la bataille.

Est ainsi arrivé le grand départ vers Brno, en famille cette fois. Intense émotion de revenir sur les lieux qui étaient hier emplis d’espoir, cet espoir fou qui est devenu réalité. Les canards se pincent chaque jour d’avoir eu autant de chance dans leur vie. Nous revoici d’abord à Prague, nous revoici sur le Pont Charles, tous les trois cette fois, nous revoici dans ses rues qui nous étaient devenues familières, nous revoici dans cette petite pizzeria où nous avions pris nos habitudes, à force de tentatives, avec notre caneton sous le bras prêt à démonter le restaurant. Et nous osons cette fois acheter des jouets en bois pour notre caneton, en souvenir de ce voyage au pays des graines à bébé, qui sera sans doute le dernier avant quelques temps.

 

Lors du transfert de notre dernier embryon, la canette a préféré être seule dans la salle d’examen, notre caneton n’ayant pas à vivre le toboggan émotionnel que représente chaque tentative. Nous le lui avons donc pas parlé de l’idée d’un petit frère ou d’une petite sœur, qui nous paraît encore si lointaine. Il nous a toutefois accompagné à la clinique, et on lui a montré les photos de l’équipe médicale, en lui expliquant que c’est grâce à eux que nous avons la chance d’être réuni tous les trois. Est arrivé le grand moment : la canette a vu sur grand écran la petite bulle, avant qu’elle ne démarre son propre voyage. Au même moment, la canette entendait dans le couloir son petit caneton faire le zouave avec son père, et c’est dans cette position incongrue qu’est la position d’examen gynécologique que la canette s’est dit que la vie était décidément incroyable. Puis petite bulle s’est logée au chaud. La canette lui a juste soufflé ces quelques mots, lors du repos allongé et solitaire qui suit le transfert : « Petite bulle, on n’allait tout de même pas te laisser toute seule dans ce grand froid ! Allez, à toi de jouer maintenant, nous on est prêt à t’accueillir, tu sais on te fera de la place, et je peux te dire que tu as un grand frère en or. Enfin, bref, si j’étais toi, je m’accrocherais. Bon, de toute façon, c’est toi qui décide. Ou le destin. Ou le Bon Dieu. Enfin bref, fais comme tu veux et comme tu peux, ma petite bulle. Et maintenant, comme dirait le Général Croquette : bonne chance  ».

 

Les jours ont passé, la canette a repris son activité, presque comme si de rien n’était. Certains vont en week-end à la neige, d’autres font des escapades dans des cliniques tchèques, c’est comme ça. On décide de ne pas se mettre la pression, de maintenir nos déjeuners du dimanche entre copains, de ne pas anticiper un résultat négatif qui nous mettrait au fond du trou. Car au fond, l’essentiel est là : notre caneton est aujourd’hui en forme, et il nous comble de joie. Mais tout de même, on n’y échappe pas : sonne l’heure de la fameuse prise de sang. Attente devant l’écran, à guetter un résultat. 117. C’est bon ça ? Les canards ont perdu l’habitude. Ils comparent avec les résultats obtenus pour petit caneton, et cela leur semble un taux faible. Moment de tristesse, de doute. Ils écrivent au général Croquette pour communiquer le résultat et avoir la suite du programme. Et là, un samedi après-midi, le général Croquette leur répond que le taux est bon, et qu’on recommence lundi. Lundi, même attente, même doute. Résultat : 303. Canards heureux, mais canards toujours anxieux de la suite. Trop marqués, sans doute, par leur parcours. Alors wait and see. Arrive le mercredi, nouveau taux : 907.  Soulagement chez les canards.

 

Quelques semaines plus tard, la Canette attend dans la salle d’attente du général Croquette pour la 1ère échographie de contrôle, celle que l’on attend et que l’on redoute. Dans la salle d’attente, elle croise les autres patientes du nouveau cabinet du Général Croquette qui n’accueille pas que des pmettes. Il y a de la femme enceinte, de la jeune mère allaitante avec son bébé dans la poussette. La canette se dit qu’elle aurait très mal vécu tout cela il y a quelques années, mais que pour avoir le coaching du général Croquette, elle aurait sans doute surmonté ces moments. D’ailleurs là voilà :

– « Mme Canette ? » annonce le général Croquette.

« Oui, j’arrive ». 

Traversée du couloir vers le QG du Général, jambes en guimauve, coeur qui bat. Monsieur Canard est coincé dans un train qui a deux heures de retard, c’est donc seule que la canette fait face au destin. Elle lui racontera qu’elle a eu le temps d’aller brûler un cierge à Notre-Dame, histoire de garder les bonnes habitudes. Vu le nombre d’accidents évités de justesse par caneton cascadeur, une petite protection divine n’est jamais de trop.

La canette se met en position échographie endo-vaginale. Moment de silence. Puis le sourire du Général Croquette.

Je vous mets le son ?

Oh ben oui, volontiers.

Un battement de cœur raisonne dans la salle d’examen. Un cœur qui bat presque aussi vite que celui de la Canette en ce moment suspendu.

Le général Croquette procède à l’inspection des lieux, constate qu’il y a dû y avoir un petit décollement histoire que l’on ne s’ennuie pas, et annonce à la cannette qu’il va falloir se ménager. Pas le moment de partir au ski, des fois que l’idée nous vienne.

Puis elle demande à la Canette si elle souhaite réécouter le battement du cœur, mais avec cette poésie qui la caractérise :

Bon, je vous remets un p’tit coup de biniou ?

Oh ben oui alors. Cette fois, on n’aura pas à réanimer Monsieur Canard, il aura les clichés souvenirs en lots de consolation. A la Brasserie Courcelles, quelques minutes plus tard, il les regardera avec émotion, sans trop y croire. D’ailleurs les canards ont bien du mal à croire à toute cette histoire, trop belle pout être vraie. Et ils savent mieux que quiconque combien la route est longue et parsemée d’embuches, qu’un placenta praevia pourrait bien gâcher la fête comme la dernière fois, même s’ils ont eu l’immense chance que la fête se termine bien, en avance, certes, mais bien.

Alors depuis, la canette surveille son slip. Et elle écoute volontiers un petit coup de biniou à la sauce Ibrahim Maalouf, pour rester en mode positive attitude, en pensant au Général Croquette.

 

 

PS: les canards ne sont plus très assidus sur la blogo faute de temps et aussi parce qu’ils ont décidé de ne pas parler de leur vie de famille sur ce blog. On sait combien la lecture est difficile pour tous ceux qui attendent sur le quai. On se demandait même s’il fallait vraiment raconter nos aventures, si cela intéresse encore quelqu’un. Ils espèrent retrouver l’inspiration pmesque pour vous divertir, ce qui est l’objet essentiel d’icsi pari. 

 

L’éclair d’eugénisme

En ces temps troublés, le canard ne peut rester le croupion vissé sur ses quatre brins de paille, il piaffe. Avec la discussion prochaine des nouvelles lois de bioéthique, un vent mauvais se lève. Les langues se délient, la bêtise devient quotidienne et le canard tend le cou, plumes au vent sous un ciel d’orage. On peut excuser la simple bêtise de personnes acculturées et des conspirationnistes de tout bord qui commentent ces évolutions probables de notre législation, affalés sur un zinc ou sur des réseaux devenus soucieux. Il est cependant intolérable que des personnes a priori éduquées et représentant de l’Etat se complaisent à mélanger les remugles de charniers avec un acte d’amour et de partage absolu : le souhait d’avoir un enfant. L’électoralisme peut être insupportable, il devient abject quand il s’agit de faire venir à soit les derniers consanguins ayant échappé aux bois de justice et les quelques serfs et vilains qui sont encore les féaux d’une catéchèse médiévale. Je n’ai pas le talent d’un Zola pour l’anaphore. Mais j’aimerais ici lancer un vibrant j’accuse.

Oui,

J’accuse Monsieur Wauquiez de ne limiter nos enfant, présents ou à venir, à la seule froideur d’un acte technologique et de voir en eux les produits monstrueux d’une science sans âme.

J’accuse de ce fait Monsieur Wauquiez d’insulter tous ceux qui ont eu recours à ces techniques.

J’accuse Monsieur Wauquiez de faire croire que la PMA serait un acte de convenance.

J’accuse Monsieur Wauquiez de salir les personnels médicaux, qui tant bien que mal, tentent aujourd’hui de répondre aux attentes des patients.

J’accuse Monsieur Wauquiez, « libéral » revendiqué, de méconnaitre le sens profond de ce mot.

J’accuse enfin Monsieur Wauquiez de prétendre que le progrès ne peut conduire que vers le pire.

Il est peut-être temps de dévoiler certains secrets du canard et c’est bien aujourd’hui contre son magret mais il duvet le faire. Non Monsieur ICSI PARI n’est ni producteur de semence, ni acteur porno comme pouvaient le faire penser les post précédents. La vérité est bien plus noire… Je fais partie de ces gens honnis qui manipulent l’ADN. Travaillant dans ce milieu j’en connais les capacités immenses pour le présent ou le futur proche, mais il reste difficile de discerner les limites dans un avenir plus lointain. Néanmoins, notre espèce est le fruit d’une évolution complexe et sa prédominance (peut-être temporaire si elle n’arrête pas ses conneries) est fondée sur une nature exploratrice et inventive. C’est cet instinct qui nous fit descendre des arbres pour découvrir le vaste monde et c’est ce même instinct qui nous propulsera vers les étoiles. Le risque est consubstantiel du progrès. Nos bambins en font l’expérience chaque jour, plus on s’enhardit plus le risque de choir augmente. Faut-il pour autant leur demander de rester assis pour le reste de leur existence ?

Devons-nous balayer le possible pour éviter l’improbable ?

N’ayant aucun atome crochu avec Wagner je vous propose de finir sur ces quelques notes de Puccini tiré de l’opéra Turandot. La recherche de l’absolu et la volonté d’y parvenir.

 

Ignobels 2018

Amis lecteurs (s’il nous en reste), bonjour !

Non, les canards ne sont pas définitivement partis barboter dans une autre mare, ils pensent encore à vous. La preuve ? Lorsque leur copine Simone leur a indiqué que l’article annuel des Ignobels faisait cruellement défaut à la blogo (des foules en délire nous réclamaient, nous l’avons bien compris), ni une ni deux, ils se sont arrachés une plume pour se remettre en piste après une (trop) longue absence. Les canards en avaient même oublié leur mot de passe wordpress, c’est dire à quel point il était temps de se secouer le bas des reins (hommage appuyé à l’hymne des canards)…

Revenons à l’essentiel : alors, ce cru 2018 des « prix IGNOBEL » tient-il ses promesses ? Pour rappel, il s’agit d’une sorte de parodie de prix Nobel qui récompensent des publications, très sérieuses, de chercheurs de différentes disciplines, publications dont le point commun est de porter sur un sujet disons, euh, « insolite » (les plus taquins diraient « loufoque »). Les patients PMA étant particulièrement intéressés par les progrès de la science, il est bon de vous en donner un aperçu. Et je crois que cette année encore, vous n’allez pas être déçus, après pourtant un bon cru 2017

D’abord, pour ceux qui veulent profiter de la version vidéo intégrale pour l’attribution de ces prix, vous pouvez cliquer ici.

Pour les plus paresseux ou les moins polyglottes, voici ce qu’il faut retenir.

  • Prix IGNOBEL 2018 catégorie Médecine

Le prix est attribué à Marc Mitchell et David Wartinger pour avoir utilisé des montagnes russes afin d’essayer de faire passer plus rapidement des calculs rénaux.

Et ben me voilà bien embêtée. Moi qui déteste les manèges (même le carrousel 1900 déclenche chez moi un bon mal de mer, après avoir si longtemps provoqué, à sa simple vue, un mal de mère), il va falloir sérieusement s’y mettre. TOUS CHEZ EURODISNEY ! C’est pour la science, on vous dit.

  • Prix IGNOBEL 2018 catégorie Anthropologie

Le prix est décerné à Tomas Persson, Gabriela-Alina Sauciuc et Elainie Madsen, pour avoir montré que, dans un zoo, les chimpanzés imitent les humains, presque aussi souvent et presque aussi bien que les humains imitent les chimpanzés.

Vous allez rire, mais cela ne me surprend pas un instant. Je me suis d’ailleurs longtemps demandée à quoi pensaient les singes devant les gesticulations et les grimaces des humains. « Bon allez, Joe, on leur fait plaisir, c’est le job il paraît. Un petit cri, une petite galipette, et ils seront contents, ces cons. Pfff, vivement ce soir, je me prendrais bien un bon roman avec un thé. »

  • Prix IGNOBEL 2018 catégorie Biologie 

Les gagnants sont Paul Becher, Sebastien Lebreton, Erika Wallin, Erik Hedenstrom, Felipe Borrero-Echeverry, Marie Bengtsson, Volker Jorger et Peter Witzgall pour avoir démontré que des experts en œnologie étaient capables d’identifier de façon fiable à l’aide de leur odorat, la présence d’une seule mouche dans un verre de vin.

Et voilà le prix qui récompense le comble du snobisme : non, je ne bois pas un verre de vin comme tout le monde, chère Madame. Nous ne sommes pas des poivrots, nous, ON DEGUSTE ! Le vin se boit à l’aveugle, dans un verre noir, pour mieux sentir la vibration de la vigne sous nos papilles…

Et ben les petits gars, si vous buviez votre pinard comme tout le monde, vous auriez vu qu’il y a une mouche dans votre cru millésimé à cinquante boules la bouteille. Non mais.

  • Prix IGNOBEL 2018 catégorie Chimie  

Le prix est décerné à Paula Romão, Adília Alarcão et César Viana, pour avoir mesuré à quel degré la salive humaine était un bon agent de nettoyage pour des surfaces sales.

Ah, les mystères de l’intuition humaine ! Cela fait longtemps que chez Mimile, le bistrot des routiers qui ne sont pas des PD, on sait qu’un bon crachat sur la table c’est ce qu’il y a de mieux pour nettoyer la table. Et puis c’est écolo. Bon, et bien on va s’y mettre, promis.

  • Prix IGNOBEL 2018 catégorie Education médicale 

Attention, c’est mon préféré. Le prix est décerné à Akira Horiuchi pour son article médical « la coloscopie en position assise : les enseignements de l’auto-coloscopie ».

Ayant une pensée émue pour tous les chercheurs de la planète qui se sont livrés à l’auto-coloscopie, parfois sans imaginer les avancées pour l’humanité de ce qui pourrait apparaître comme une pratique scabreuse, pour ne pas dire totalement immorale (vade retro satanas). Et c’est vrai qu’à part en position assise, l’auto-coloscopie, cela doit être compliqué.

Ils sont fous, ces chercheurs.

  • Prix IGNOBEL 2018 catégorie Littérature 

Les gagnants sont  Thea Blackler, Rafael Gomez, Vesna Popovic et M. Helen Thompson, pour avoir montré que la plupart des gens qui utilisent des produits complexes ne lisent pas le manuel d’utilisation.

Ils ont du faire des tests chez nous, c’est sûr, et d’ailleurs je crois que dans la catégorie « produits complexes » vous pouvez mettre les jouets qui bipent qui vibrent et qui s’allument. Petite précision : je crois que cela marche aussi pour les conditions générales d’utilisation de trente pages que l’on accepte toujours, benêts que nous sommes…

  • Prix IGNOBEL 2018 catégorie Nutrition 

Le prix est décerné à James Cole, pour avoir calculé qu’un régime cannibale à base de viande humaine était significativement plus bas en calories que la plupart des autres plats de viande traditionnels.

Après le régime DUKAN, le régime DUCON : vous aussi, zigouillez votre désagréable voisine pour la déguster patiemment chaque jour. C’est une vieille carne, certes, mais c’est bon pour votre ligne.

A quand le prochain voyage en terre inconnue au pays des cannibales ? ll y a des volontaires ?! Allez, on peut piocher dans les stars de la télé-réalité, il n’y aura pas trop de perte pour l’humanité.

  • Prix IGNOBEL 2018 de la paix

Les gagnants sont  Francisco Alonso, Cristina Esteban, Andrea Serge, Maria-Luisa Ballestar, Jaime Sanmartín, Constanza Calatayud et Beatriz Alamar, pour avoir mesuré la fréquence, la motivation et les effets des cris et des injures lors de la conduite d’une automobile.

Mesures prises à Paris. Je dis ça, je dis rien.

  • Prix IGNOBEL 2018 pour la médecine reproductive

Voilà bien un prix qui nous intéresse ! Les gagnants sont  John Barry, Bruce Blank et Michel Boileau, pour l’utilisation de timbres-poste afin de tester si l’organe sexuel mâle fonctionne correctement dans leur étude « surveillance de la tumescence nocturne du pénis avec des timbres ».

Nous atteignons le comble de l’humiliation. Déjà, Messieurs, vous savez combien il est désagréable de mettre Paupaul sous le feu des projecteurs de la science et des êtres en blouses blanches. Si en plus les chercheurs vous proposent de faire des mesures avec un timbre-poste, on frise l’injure, que dis-je, le traitement inhumain et dégradant.

A noter une observation plus intéressante encore lue sur le site futura sciences : « Les chercheurs ont malheureusement dû fabriquer leurs propres timbres pour l’expérience car utiliser des timbres officiels pour une recherche scientifique requiert une permission des services secrets« . Il va falloir enquêter sur la raison d’une telle permission. D’ailleurs, je découvre qu’il y a des vrais gens qui travaillent dans un service « bon usage des timbres ».

  • Prix IGNOBEL 2018 dans la catégorie économie

Dernier prix qui va vous intéresser : il est décerné à Lindie Hanyu Liang, Douglas Brown, Huiwen Lian, Samuel Hanig, D. Lance Ferris et Lisa Keeping, pour avoir cherché à déterminer s’il est efficace pour des employés d’utiliser des poupées vaudou pour se venger d’un patron abusif.

Inutile de vous dire que ça marche aussi sur la poupée vaudou du gynéco mâle qui vous avait dit que l’hystéro, c’est totalement indolore, lui qui connaît si bien les douleurs féminines…

 

Tiens, en parlant de ça, dites donc, je me referais bien une petite hystéro, moi ! Allez, banco, j’y retourne la semaine prochaine. C’est que la PMA nous avait manqué… (teasing de la muerte pour annoncer les prochains épisodes des canards).

Bon week-end !